Docteur Paul Dupont ancien chef de clinique de nutrition
La vitamine C liposomale est sans intérêt
Qu’est ce qu’un liposome :
La vitamine C liposomale est une vitamine C acide incorporée dans des liposomes. Les liposomes sont des vésicules synthétisées artificiellement à partir de phospholipides. Leur forme sphérique et leur extérieur bipolaire leur permet d’isoler ce qu’elles contiennent du milieu aqueux externe. Normalement, ces complexes sont destinés à absorber les lipides et pas les vitamines qui sont solubles dans l’eau. Mais alors, on peut se demander quel est l’intérêt d’isoler ainsi la vitamine C. Étant donné que cette vitamine est hydrosoluble et qu’elle a besoin d’eau et pas de corps gras pour être absorbée. Par conséquent, pourquoi la mettre dans des liposomes qui sont des lipides et ainsi la séparer du milieu aqueux nécessaire à son absorption digestive ?
La vitamine C dans les liposomes
Quel type de vitamine C est incorporé dans les liposomes ? Certainement pas la forme naturelle alcaline de la vitamine C telle que celle que l’on trouve dans l’acérola, les agrumes ou le cynorrhodon. Pourtant, c’est cette forme naturelle de vitamine C qui est la seule utile. D’ailleurs, elle n’a aucun besoin de liposomes pour être correctement absorbée. En fait, la vitamine C liposomale est une tromperie pour l’organisme. Car le seul but d’utiliser les liposomes c’est de faire absorber une vitamine de synthèse à trop fortes doses dont l’organisme n’a nul besoin.
La vitamine C des liposomes est acide et trop concentrée.
Il vaut mieux des formes naturelles que des formes liposomales ; pourquoi ? Pour comprendre pourquoi, il faut expliquer le métabolisme de la vitamine C dans l’organisme. Or, la vitamine C naturelle est rapidement absorbée au niveau de l’intestin grêle tout aussi vite que le glucose dont elle suit la même voie. De ce fait, La concentration plasmatique de vitamine C s’élève rapidement. Ensuite, elle se concentre dans les leucocytes et les plaquettes et dans tous les tissus. L’organisme refuse de trop fortes doses de vitamine C. Au delà d’un certain seuil, la vitamine C n’est plus absorbée. Et pour celle qui est absorbée, elle se concentre dans les lympocytes et les plaquettes ce qui sature ces cellules. Car le sang ne peut contenir plus qu’un certain seuil de vitamine C. L’hypervitaminose sanguine fatigue les reins qui doivent en éliminer le surplus dans les urines.
La vitamine C liposomale acide est un exemple de toxicité.
Prenons un exemple : avec des apports alimentaires de moins de 30 mg/jour de vitamine C, elle est presque complètement absorbé. Mais au-delà, entre 30 à 80 mg/jour, l’absorption n’est plus que 70 à 90% (1,2). Et même l’absorption de la vitamine C chute à environ 50% avec des doses de 1 à 1,5 g/ jour (3). Or cette vitamine C acide restant dans l’intestin, avec ou sans les liposomes, irrite et oxyde les parois intestinales. Cela veut bien dire que l’organisme a besoin seulement des doses telles que celles qu’il peut trouver dans la nature, puisqu’il fait l’effort de ne pas en absorber plus ou bien de l’éliminer. Car notre organisme doit réguler les concentrations plasmatiques de vitamine C. Les valeurs normales sont stabilisées entre 70 et 85 μmol/l, même en cas d’ingestion excessive de vitamine C (500 à 3000 mg) (4), l’organisme doit faire un travail d’élimination.
La vitamine C acide et calculs d’oxalate.
Cette vitamine C acide fatigue les reins et risque de provoquer des calculs rénaux d’oxalate. Il faut éviter des fortes doses de vitamine C pour une autre raison : La concentration en vitamine C des globules blancs doit être stable. Et c’est le cas quand on prend une dose comprise entre 30 et 60 mg, tandis que 100 mg entraîne une saturation néfaste des neutrophiles, des monocytes et des lymphocytes (5).
La vitamine C acide est pro oxydante.
Un autre élément important est à considérer : la forme synthétique de la vitamine C telle qu’on la trouve dans les liposomes peut avoir une action pro-oxydante. Elle favorise les dommages oxydatifs de l’ADN (6). La vitamine C liposomale est acide et elle s’oxyde en effet plus facilement que la naturelle. Elle peut créer des lésions oxydatives (7). Ceci notamment lorsque l’acide ascorbique est associé à des métaux tels que le cuivre et le fer. car ceci conduit à la formation de superoxyde et de peroxyde d’hydrogène. Et ces produits oxydés instables provoquent un stress oxydatif. La vitamine C synthétique acide se comporte comme un pro-oxydant (8).
La vitamine C naturelle est bien meilleure que la liposomale
Ce que nous venons de dire démontre deux choses : – qu’il vaut mieux des vitamines C naturelles à des doses naturelles sans dépasser un maximum d’apport de 80mg /jour. – qu’il ne sert à rien de les encapsuler si elles sont naturelles. A titre de comparaison, on sait que trop de sucre provoque des hyperglycémies préjudiciables à l’organisme. De la même manière, la vitamine C de synthèse qui suit la même voie d’absorption que la glycémie provoque des flèches d’hypervitaminose C qui peuvent se révéler toxiques sur le long terme.
La vitamine C liposomale à les mêmes effets néfastes que l’hypervitaminose C synthétique :
- toxicité rénale : à partir de 1 gramme par jour, elle provoque des dépôts d’oxalate et d’urate dans les reins avec des risques de calculs d’acide urique ou oxalo calciques,
- toxicité pour les globules rouges, le pancréas et les reins par son dérivé oxydé.
- Perturbation de l’absorption des vitamines B6 et B12 par les trop fortes doses de vitamine C synthétique.
- Des interactions avec des médicaments sont aussi possible (9,10,11).
Références
1. Levine M, Dhariwal KR, Washko PW, Butler JD, Welch RW, Wang YH, et al. Ascorbic lin Nutr. 1991;54(6):1157S-1162S.
2. Mayersohn M. Ascorbic acid absorption in man pharmacokinetic implications. Eur J Pharmacol. 1972;19(1):140 2.
3. Melethil S, Mason WD, Chian-Jo C. Dose-dependent absorption and excretion of vitamin C in humans. Int J Pharm. 1986;31(1 2):83 9.
4. Lindblad M, Tveden-Nyborg P, Lykkesfeldt J. Regulation of Vitamin C Homeostasis during Deficiency. Nutrients. 2013;5(8):2860 79.
5. Levine M, Conry-Cantilena C, Wang Y, Welch RW, Washko PW, Dhariwal KR, et al. Vitamin C Pharmakokinetics in healthy volonteers allowance. Proc Natl Acad Sci. 1996;93(8):3704 9
6. Norkus EP, Kuenzig W, Conney AH. Studies on the mutagenic activity of ascorbic acid in vitro and in vivo. Mutat Res Toxicol. 1983;117(1 2):183 91.
7. Ballin A, Brown EJ, Koren G, Zipursky A. Vitamin C-induced erythrocyte damage in premature infants. J Pediatr. 1988;113(1):114 20.
8. Carr AC, Frei B. Toward a new recommended dietary allowance for vitamin C based on antioxidant and health effects in humans. Am J Clin Nutr. 1999;69(6):1086 107
9. Blanche MISSET | | Université de Limoges | 2019 45 Licence CC BY-NC-ND 3.0
10. Mashour S, Turner JF, Merrell R. Acute Renal Failure, Oxalosis, and Vitamin C Supplementation. Chest. 2000;118(2):561 3.
11. Bromley J, Hughes BG, Leong DC, Buckley NA. Life-Threatening Interaction Between Complementary Medicines: Cyanide Toxicity Following Ingestion of Amygdalin and Vitamin C. Ann Pharmacother. 2005;39(9):1566 9